Axe 1: Littérature, sciences humaines, sciences de la nature : quels rapports aujourd’hui ?

Direction: Laurence Dahan-Gaida

L’axe 1 est consacré aux rapports entre littérature et sciences humaines d’un côté et aux rapports entre littérature et sciences de la nature de l’autre. Il se décline en deux volets :

Sous axe 1.1 : Le récit contemporain entre fiction et non-fiction. Les récits transfrontaliers

À une époque où l’écrit se diversifie et se diffuse à travers des supports variés qui modifient sa production et sa réception, multipliant sa présence dans le social, les théories du récit, l’analyse poétique et les contributions des historiens du livre et de l’imprimé permettent d’appréhender à nouveaux frais la place qu’occupe le texte dans notre culture. Dans ce contexte, nous accorderons une importance particulière aux textes contemporains qui brouillent la frontière entre fiction et non-fiction ainsi qu’aux récits transfrontaliers. Le caractère distinctif de ces textes est leur hybridité générique. Ils manifestent par ailleurs une tendance au retour du réel dans le monde de la représentation: productions de la culture de masse, reality shows, formes avancées de l’art contemporain, genres tels que le documentaire, le témoignage ou l’autobiographie. Ces évolutions sont liées à ce que l’on a appelé le « tournant documentaire » ou « tournant archivistique » et au « tournant ethnographique » (Nash, Mark, « Reality in the Age of Aesthetics »)

Sous-axe 1.2

À un moment de notre histoire où l’on entend souvent exprimer le constat d’une crise de l’idée de nature, sous la double pression de la critique du dualisme nature/culture et de la multiplication des artefacts technico-naturels, l’objectif de cet axe sera d’enquêter sur la multiplicité des savoirs qui modèlent nos conceptions et nos représentations de la nature. Pour la plupart de nos contemporains, la nature, c’est le monde extérieur tel qu’il est donné avant l’intervention humaine, ce monde dont les savants sont censés décrypter les « lois ». Pourtant, la nature n’a pas toujours été l’objet réservé des sciences de la nature : le long processus de maturation, de décantations et de ruptures multiples qui a mené à la concevoir comme un objet de connaissance soumis à l’observation et à l’expérimentation, a été ponctué par d’incessantes reconfigurations opérées par différents discours et pratiques : mythes, poésie, peinture, cinéma, récit, philosophie, écologie, etc. C’est dire que l’idée de nature ne s’est pas construite à partir d’une épistémologie unique – celle des sciences – mais en s’ouvrant à la circulation des savoirs et à l’hybridation des paradigmes. D’où l’importance de ne pas déléguer son étude aux seules sciences « naturelles » mais de l’aborder aussi à partir des études littéraires qui permettent de rendre compte de ses dimensions à la fois symboliques, sociales, culturelles, politiques et historiques. L’objet de cet axe sera de démêler les réseaux conceptuels et symboliques dans lesquels la notion est prise en confrontant textes scientifiques, textes littéraires et artefacts culturels. Face à eux, on soulèvera les questions suivantes :

  • Quels sont les savoirs qui informent la représentation de la nature dans tel ou tel texte, telle ou telle image ?
  • Quelle place ces artefacts culturels ménagent-ils à l’humain ? Est-il considéré comme partie intégrante d’une totalité ou placé en position de vis-à-vis ?
  • Quelles modalités de connaissance sont-elles privilégiées : savoirs ancestraux, pratiques quotidiennes, observation, expérience esthétique et sensorielle ?
  • Au-delà, on se demandera comment les approches (théories) littéraires qui traitent aujourd’hui de la nature – épistémocritique, écocritique, géocritique – contribuent à en façonner le concept en médiant entre savoirs, esthétique et préoccupations environnementales.