Axe 2 • Parler par le corps
Direction: Nella Arambasin, Margaret Gillespie
Le pôle « Identités sexuées: théories et représentations culturelles », formé en 2009, est devenu « Créations et identités » en 2017 : Axe II du CRIT. Axe par définition interdisciplinaire, il regroupe aujourd’hui la recherche en Etudes de genre et la recherche en FLE, deux orientations qui se rejoindront dans un projet commun, le colloque international prévu les 3-4 décembre 2020 au CRIT, organisé en collaboration avec l’université de Split (Croatie) sur la « Modernité des hétérotopies : genre, discours, créations », dont le comité scientifique regroupe entre autres des chercheur.e.s en FLE, et inaugure un nouveau quadriennal de recherches en études de genre.
Dans l’Axe 2, les études de genre se sont développées depuis 2009 suivant trois thématiques, avec des ateliers de lecture, journées d’études, colloques et séminaires :
1. Corps-Maison-Pays (2009-2012)
L’opposition sphère publique / sphère privée repose traditionnellement sur la division de la société en termes d’identité sexuée, offrant aux hommes l’espace ouvert du politique, du champ de l’action, alors que les femmes se voient le plus souvent reléguées dans la sphère domestique de l’intime et du recueillement symbolisée par la maison et « l’ange du foyer ». Nous nous proposons d’étudier à travers les différentes productions culturelles que sont la poésie, la peinture, le roman, le récit de voyage, ou encore le livre de cuisine, les stratégies idéologiques et discursives qui ont contribué —et qui pour certaines d’entre elles continuent toujours—à maintenir en place cette opposition. Nous nous interrogerons sur la négociation, par les femmes comme par les hommes, de cette dichotomie à travers l’intériorisation, le contournement, le rejet, le dépassement ou encore la transgression.
2. “Représentations de l’amour”, thème retenu pour le colloque inter-axe du CRIT en 2015 (2013-2015)
L’amour – élan désirant vers l’autre se joue avant tout sur « la scène du Deux » (Badiou, Éloge de l’amour), où s’invente une histoire singulière ; tomber amoureux, c’est selon le sociologue Francesco Alberoni, « l’état naissant d’un mouvement collectif à deux » (Le choc amoureux). Ce mouvement ‘collectif’ dépasse le couple, car l’amour s’inscrit toujours dans un univers symbolique et imaginaire commun, prenant des formes d’expression qui ont grandement variées à travers les époques. Pour d’aucuns celles-ci sont aujourd’hui tombées en désuétude : “Nous n’avons plus l’amour homosexuel à l’antique, plus l’amour glorieux des classiques, ni l’amour courtois, ni le dolce stil novo, ni l’amour précieux, l’amour divin, l’amour romantique avant sa dégradation dans la sentimentalité… » (Hoornaert, « L’amour »). S’il est de bon ton de ‘ne pas croire’ en l’amour, quelle peut être la place de la représentation symbolique de celui-ci dans notre culture ? D’ailleurs, ne doit-il pas, à l’aune de l’individualisme dominant aujourd’hui, se passer d’habitus social communément partagé ? Porteuse d’une nostalgie un peu honteuse d’un idéal négligé, l’idée de l’amour garde encore, nous semble-t-il, son potentiel de lien relationnel et symbolique qui, contrairement à la seule jouissance sexuelle, ne se comptabilise pas.
3. Parler par le corps (2015-2020)
Les différentes conceptions du corps féminin/masculin, envisagé à la fois comme construction sociale et ensemble de contraintes biologiques, ne peut plus se satisfaire d’un dualisme hétéronormé. L’identité « trans » est l’emblème majeur aujourd’hui d’un corps « sous tension », dès lors que « lui » ou « elle » se sent « piégé(e) dans le corps » de l’autre sexe, problématique qui suscite négociations, polémiques et expressions artistiques, comme en témoigne le succès de la série américaine Transparent (2014) récompensée de deux Golden Globes en 2015. L’articulation entre corps physique et identité sexuée peut se passer du langage parlé pour s’exprimer, elle se donne à voir, sentir, toucher et entendre de multiples manières, proposant des esthétiques, performances et questionnements en sciences humaines et sociales. Tandis qu’aujourd’hui les représentations socio-culturelles du queer concernent le corps lesbien de L. Wittig, le corps performatif et troublé butlérien, ou le corps matériel et révolté de Paul B. Preciado, la perception corporelle de soi s’exprime depuis toujours dans l’espace-temps de la narration et du rapport à autrui comme moteur de la création littéraire et artistique (« ainsi écrit-on toujours […] sur le corps mort de l’amour » disait Duras).
4. Les hétérotopies
Présentation dans l’appel à communications paru sur Fabula:
http://www.fabula.org/actualites/modernite-des-heterotopies-genre-discours-creation_92726.php.