Entre le Che Guevara et les femmes révolutionnaires d’ailleurs

27 mars 2025

Les récits de genre des
gauches équatoriennes,
1968-1975


17h-19h
Salon Préclin
UFR SLHS

Présentation

Cette communication se penchera sur la question des récits de genre que les gauches équatoriennes imposent à leurs militant·e·s entre 1968 et 1975. Au cours de cette période de l’histoire équatorienne, les partis de gauche doivent faire face à l’arrivée massive de jeunes hommes et femmes dans leurs rangs. La suppression de l’examen d’admission à l’université, obtenue en 1969, provoque un afflux d’étudiant.e.s sans précédent qui affecte la composition sociologique des établissements d’enseignement supérieur et des partis de gauche. Cette ouverture oblige la gauche à se reconfigurer en termes de genre politiquement et organiquement.

L’arrivée de jeunes dans les rangs de la gauche, en particulier de filles, menace l’ordre politique et de genre qui régnait jusque-là dans cette culture politique. Cette communication explorera la manière dont, d’une part, les jeunes hommes disputent les idéaux de masculinité à travers la figure du Che Guevara, devenu l’incarnation du sacrifice et du radicalisme révolutionnaire, tandis que les filles sont sommées d’imiter des idéaux de femmes d’autres révolutions. Les récits des partis, largement diffusés dans leur presse de doctrine, dans une tentative d’éviter la « déviation féministe » des filles, imposent les femmes cubaines, soviétiques et vietnamiennes comme exemples d’idéaux de féminité.

Les récits de vie que nous avons recueillis sous la forme d’entretiens montrent, en revanche, que certains modèles de féminité sont rejetés et que les militantes cherchent elles-mêmes à incarner certains idéaux masculins avec ferveur. En résumé, nous analyserons, à travers l’étude de la presse doctrinaire et des récits de vie, comment les idéaux de genre sont mis à l’épreuve par la jeunesse tout au long de cette période et comment les attentes masculines limitent et empêchent toute expression radicale de la part des femmes.