Écrire « entre femmes »
Visibiliser l’entre-soi masculiniste de l’institution littéraire
Amphi Cloché
UFR SLHS
Organisation
Margaret Gillespie
Nella Arambasin
Présentation
Conférence d’Aurore Turbiau, de l’université de Lausanne)
Docteure en littérature comparée, Aurore Turbiau est l’autrice d’une thèse portant sur les pensées et pratiques féministes de l’engagement littéraire, en France et au Québec, entre 1969 et 1985. Actuellement première assistante en littérature comparée au sein du laboratoire CIEL de l’Université de Lausanne, également chercheuse associée du CRIT à l’Université de Franche-Comté, elle est notamment co-autrice du livre Écrire à l’encre violette (paru en 2022, portant sur l’histoire des littératures lesbiennes françaises).
Résumé
Au cours des années 1969-1985, en France mais aussi au Québec ou, par exemple, aux États-Unis, le mouvement des femmes et la lutte pour les droits des personnes homosexuelles trouvent dans la littérature un terrain d’exercice singulier. D’inédites politiques de la littérature naissent, structurées notamment par une interrogation renouvelée sur la dimension adressée de la littérature : lorsqu’“on” écrit, qui parle exactement, et à qui ? Les écrivaines cherchent à inclure dans le champ littéraire les exclu⋅es ordinaire de l’ordre traditionnel du langage et de la littérature : en l’occurrence, surtout les femmes. C’est un rapport de complicité implicite “entre femmes” que les autrices cherchent ainsi à construire : le rapport d’adresse se spécialise au féminin et place les hommes à la marge de son programme, à l’image du principe organisationnel de la non-mixité qu’il transpose en littérature. Cette non-mixité littéraire est-elle inclusive, ou exclusive ? Transforme-t-elle le sens démocratique que l’on peut donner à la littérature ? À tout le moins, elle est un entre-soi d’un nouveau genre : l’écriture “entre femmes” visibilise l’aveuglante vérité d’un espace littéraire majoritaire construit comme un entre-soi tout à fait masculin, voire masculiniste.